La semaine dernière, nous avons participé à Data Centre World (DCW) Singapour. Outre les rencontres avec nos clients et prospects, cet événement a réuni les leaders du secteur, les opérateurs et les fournisseurs afin de mettre en lumière l’un des défis les plus critiques et évolutifs de l’industrie : la résilience énergétique.

Alors que les centres de données évoluent pour répondre à la demande croissante liée à l’IA, la pression pour fournir une alimentation électrique fiable et durable n’a jamais été aussi forte. Durant deux jours de séminaires et de discussions sur les stands, un message s’est dégagé : la résilience énergétique doit être testée et éprouvée.

Paul Brickman, directeur commercial chez Crestchic, partage ici ses principaux enseignements tirés de l’événement :

Les racks haute densité rendent les tests thermiques encore plus critiques.

L’essor de l’IA, du HPC et des charges de travail accélérées fait grimper les densités de puissance des racks, dépassant souvent 100 kW par rack. Il ne suffit plus de concevoir une capacité élevée sur le papier ; les installations doivent prouver qu’elles peuvent la fournir de manière sûre et efficace en conditions réelles.

En simulant la production électrique et thermique des racks haute densité avant leur mise en service (à l’aide d’un banc de charge), les opérateurs peuvent valider la distribution électrique, les performances de refroidissement et les stratégies de redondance sans risque d’interruption de service ni d’endommagement matériel.

Le refroidissement liquide au cœur des préoccupations

Le refroidissement liquide a également suscité un vif intérêt, et à juste titre. Face à l’augmentation constante de la densité des racks, le refroidissement direct des puces est une solution efficace pour gérer les charges thermiques extrêmes générées par l’IA et les environnements hautes performances.

Pour garantir le bon fonctionnement de ces systèmes, les installations se tournent vers des bancs de charge refroidis par eau lors de la mise en service. Ces bancs de charge simulent la production électrique et thermique des racks haute densité, permettant aux ingénieurs de tester la distribution d’énergie, l’évacuation de la chaleur et la réactivité du système de manière sûre et précise.

La résilience exige des tests, pas seulement de la redondance

L’un des principaux thèmes abordés lors du DCW Singapour était que la redondance seule ne suffit pas à garantir la résilience. La résilience de l’alimentation électrique doit être vérifiée, et non présumée.

Les tests sur banc de charge permettent aux opérateurs de valider les systèmes d’alimentation sans coupure (UPS), les générateurs, les commutateurs de transfert et les circuits de secours complets dans des conditions de charge contrôlées, garantissant ainsi leur bon fonctionnement en cas de panne de courant. Des tests réguliers permettent d’identifier les problèmes bien avant qu’ils ne provoquent une interruption de service.

Au-delà de la résilience mécanique, de nombreux opérateurs intègrent des systèmes de stockage d’énergie et des micro-réseaux pour assurer une alimentation de secours indépendante et un soutien au réseau. Ensemble, ces approches créent un filet de sécurité énergétique multicouche. Cependant, bien que la résilience soit de plus en plus intégrée à l’infrastructure initiale, elle doit encore être prouvée par des tests structurés et périodiques.

Le stockage d’énergie et les micro-réseaux sont la nouvelle norme.

Face à la pression croissante exercée sur les réseaux électriques de la région Asie-Pacifique, le débat évolue de « l’alimentation de secours » vers les « écosystèmes énergétiques ». Les systèmes de stockage d’énergie par batteries (BESS), les groupes électrogènes hybrides et les énergies renouvelables sur site redéfinissent la manière dont les centres de données restent opérationnels lors des fluctuations ou des pannes de réseau.

Les bancs de charge jouent un rôle essentiel dans les tests et la mise en service des installations BESS : ils permettent de vérifier qu’un système peut réagir instantanément aux variations de fréquence du réseau, fournir les taux de décharge requis et respecter ses spécifications opérationnelles.

Au-delà de la mise en service, les bancs de charge contribuent également à l’optimisation des revenus des opérateurs participant aux services de réponse rapide en fréquence (FFR). En se déchargeant en toute sécurité dans un banc de charge, les unités de stockage d’énergie par batterie (BESS) peuvent maintenir des niveaux de charge optimaux et éviter toute dégradation, garantissant ainsi fiabilité et rentabilité.

Alors que le stockage d’énergie devient un élément central de la stratégie des centres de données, des tests rigoureux des bancs de charge seront essentiels pour valider leurs performances et leur résilience face à la volatilité croissante du réseau.

Collaboration, compétences et culture du test

Les sessions de DCW Singapour sur l’énergie ont mis en lumière une prise de conscience croissante : même le meilleur matériel est vulnérable sans équipes bien formées et procédures de test rigoureuses. Les ingénieurs et les équipes opérationnelles doivent maîtriser la planification de la continuité d’activité, incluant les simulations de crise et les protocoles de reprise.

Notre équipe peut jouer un rôle clé dans le développement de cette expertise en formant les équipes internes. Cette collaboration garantit que les tests ne se limitent pas à une simple formalité, mais constituent un véritable transfert de compétences contribuant à l’atteinte des objectifs de disponibilité. Au besoin, des ingénieurs expérimentés peuvent intervenir sur site pour réaliser des tests de charge contrôlés et mettre en service les systèmes, contribuant ainsi à combler les lacunes en compétences. En adoptant une culture de validation continue et en nouant des partenariats avec des acteurs qualifiés, les centres de données peuvent réduire l’impact potentiellement catastrophique d’une panne de courant.

Conclusion : Intégrer la résilience dans les pratiques courantes

Nos échanges lors de DCW Singapore 2025 ont mis en lumière un changement de mentalité : la résilience n’est pas un objectif ponctuel, mais une pratique continue. En définitive, la résilience énergétique repose sur la certitude que, même en cas de coupure de courant, les systèmes, les équipes et les plans de l’entreprise maintiendront l’activité. Nos discussions avec des acteurs de l’ensemble du secteur des centres de données ont confirmé ce que nous savions déjà : La véritable confiance ne s’acquiert qu’en testant, en prouvant et en améliorant sans cesse.